samedi 19 novembre 2016

Jésus est-il vraiment ressuscité?

Les entretiens du dimanche
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Jésus est-il vraiment ressuscité ?

Résumé des chapitres précédents
Candide est une jeune femme en recherche de spiritualité; elle s'est adressée à son ami Théophile, diacre permanent, qui a accepté de l'aider. Ils se retrouvent chaque dimanche pour un entretien, auquel un invité peut se joindre. Ainsi nous avons fait la connaissance de François, moine franciscain, de Louis diacre permanent, du Père Stanislas curé de la paroisse où ils se réunissent le dimanche, et de Cécile récemment baptisée et confirmée.
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         Le dimanche précédent, Candide avait pris des notes pour relire, à tête reposée, ce que frère François venait de lui dire. Puis elle ajouta:
-" Dieu ne peut pas mourir. Jésus cependant est mort sur une croix, quand les Romains le crucifièrent." Candide exprimait ainsi ce qu'elle pensait.
-" Oui, lui répondit frère François, qui ajouta: c'est pourquoi nous croyons fermement au témoignage de ses disciples, quand ils annoncèrent sa résurrection."
-"Donc, si Jésus est ressuscité, c'est parce qu'il est Dieu?" avait-elle interrogé avec un soupçon de doute.
-"Oui"
-",Mais alors, pourquoi, vous , chrétiens, dites-vous que votre religion croit en un seul Dieu, alors que vous soutenez que vous vénérez Dieu Père, Jésus Fils de Dieu, et l'Esprit-Saint?"
         De peur d'allonger l'entretien et de jeter le trouble dans l'esprit de Candide en lui donnant trop de sujets d'interrogation, Théophile avait proposé d'en rester là, pour ce dimanche.

 Donc, ce dimanche-là, Candide arriva d’un pas décidé. Théophile pensait en lui-même qu’elle devait avoir quelques questions sur la résurrection de Jésus, qui, il faut bien le reconnaître, n’est pas un fait si facile à accepter. D'emblée, elle attaqua l'entretien de manière directe, presque un peu hostile.
- "Bonjour Théophile…Tiens, frère François n'est pas là? Dommage … Tu m’as dit la dernière fois que Jésus était ressuscité, mais nous savons bien par expérience que personne ne ressuscite après sa mort. Cependant je veux bien admettre, pour l’instant, que ce que tu me dis est vrai. Alors, si Jésus est vraiment ressuscité, peux-tu me préciser ce que peuvent signifier la mort et la résurrection de Jésus?"
- "Avant de répondre à cela, il faut que je te précise ce qu'on entend par <résurrection>. D'abord, le mot: il vient du latin  resurgere qui signifie se relever, se lever une nouvelle fois.
L'Ancien Testament rapporte plusieurs cas de résurrection: celui du fils d'une païenne par Élie [1 R 17,17-24], ou encore celui du fils de la riche sunamite par Élisée [2 R 4,18-37].
Le Nouveau Testament n'est pas en reste en cette matière: citons la fille d'un chef de synagogue, Jaïre [Mc 5,22-24.35-43], le fils unique d'une veuve à Naïm  [Lc 7,11-17], et Lazare  [Jn 11,1-45], tous trois par Jésus . Il y eut aussi des cas de résurrection par Pierre et par Paul [Ac 9,36-42 et Ac 20,7-12]. Ceux qui sont revenus à la vie moururent par la suite. Mais Jésus ressuscité est vivant; il a vaincu la mort."
-" Merci pour ce distinguo, mais qu'en est-il pour Jésus?"
-" Les premiers disciples de Jésus et ceux qui leur ont succédé nous ont transmis quatre récits dont je te donne les références.
Les voici: d'abord le témoignage de ceux qui furent les premiers à constater que le tombeau de Jésus était vide: Marie Madeleine et les deux disciples, qui furent également témoins de la première apparition de Jésus ressuscité. Tu trouveras ce témoignage dans les quatre évangiles en [Jn 20, 1- 18 // Mt 28, 1-9; Mc 16, 1-8 ; Lc 24, 1- 11].


Ensuite et parallèlement à ce premier épisode, c'est la rencontre de Jésus avec deux disciples qui se rendaient au village d'Emmaüs. Ils s'entretenaient de tout ce qui s'était passé. Tandis  qu'ils parlaient et discutaient, Jésus s'approcha, et il marchait avec eux. Jésus leur expliqua tout. Tu liras le récit complet en [Lc 24, 13-53.]
Puis, le même soir, le premier jour de la semaine, les disciples étaient réunis et ils avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Cela est consigné en [Jn 20, 19-29].
Enfin, j'en appelle à Saint Paul qui a écrit dans sa première lettre aux Corinthiens:
  Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j'ai moi-même reçu: le Christ est mort, il a été mis au tombeau, il est ressuscité le troisième jour, et il est apparu à Pierre, puis aux Douze;  ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois - la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont morts -; ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres, et en tout dernier lieu, il est même apparu à l'avorton que je suis. Comment certains d'entre vous peuvent-ils affirmer qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ, lui non plus, n'est pas ressuscité. Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre message est sans objet, et votre foi est sans objet. [1 Co 15, 12-34].
Pardonne-moi d'avoir été un peu long, mais il fallait bien que je te donne les récits qui sont le point de départ de la foi en Jésus ressuscité."
-" Oui, je te remercie de ces précisons,  mais …."
-", Mais?..."
-" Et bien, je ne suis pas convaincue."
-"C'est normal, et à l'époque où se situe cet événement exceptionnel, les sceptiques furent nombreux, à commencer par les membres du Temple. je te lis un passage de l'évangile de saint Matthieu [Mt 28,11-15]:
Tandis que Madeleine et l'autre Marie venues faire leur visite au tombeau de Jésus étaient en chemin, quelques-uns des hommes chargés de garder le tombeau allèrent en ville annoncer aux chefs des prêtres tout ce qui s'était passé. Ceux-ci, après s'être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme en leur disant:“ Voilà ce que vous raconterez : 'Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.' Et si tout cela vient aux oreilles du gouverneur, nous lui expliquerons la chose, et nous vous éviterons tout ennui. ” Les soldats prirent l'argent et suivirent la leçon. Et cette explication s'est propagée chez les Juifs jusqu'à ce jour.


Pierre et Jean vinrent au tombeau pour vérifier ce que les femmes leur avaient annoncé; ils pensaient qu'elles étaient "dérangées" comme on dit, qu'elles disaient n'importe quoi. C'est ce que saint Luc a retenu [Lc 24,11]: <Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas.>"



-" Ce que tu me dis est troublant. Que croire? Qui croire?"
-"Voici mon dernier argument. L'apôtre Jean, un témoin difficilement récusable, a raconté ce qui s'était passé au tombeau, quand il s'y rendit avec Pierre. Voici:
<Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n'entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts.> [Jn 20,3-9]
Candide était rêveuse. Son silence ne pouvait s'expliquer que par la lutte qui se livrait en elle: la raison lui soufflait que tout cela était merveilleux, mais tellement inouï! Il lui était impossible de recevoir en toute confiance le témoignage des premiers disciples de Jésus. Bien sûr, elle reconnaissait que le christianisme avait conquis très rapidement l'Occident païen, que pendant trois siècles les chrétiens furent l'objet de persécutions et de tortures effroyables. Mais en réalité, elle découvrait qu'elle était encore loin de reconnaître que Dieu avait envoyé Jésus pour donner l'ultime révélation de son amour et de sa miséricorde pour les hommes.
Théophile, quant à lui, était conscient de la difficulté de faire partager sa foi à Candide. Il se souvenait des paroles d'un prêtre qui lui avait dit que la foi progresse en l'homme, comme un marcheur qui fait trois pas en avant puis deux en arrière jusqu'à ce qu'il parvienne au but de sa marche.
- Cependant, Théophile décida de rompre le silence, pour ajouter quelques mots: "Il y a deux manières d’appréhender ce que j’appellerai le mystère de la résurrection de Jésus, en donnant au mot mystère un sens plus complexe que le sens courant d’énigme : il faut le comprendre comme quelque chose qui se laisse saisir avec de plus en plus de profondeur, dans la mesure bien évidemment où on veut creuser le sujet.
Si on se borne au Jésus historique, le récit de sa naissance qu’en donne Luc est une fable, à peine plus crédible que les récits mythologiques. Quant à sa résurrection, elle est incroyable même si on pressent que le témoignage des Apôtres et des disciples qui iront jusqu’au martyre a quelque chose de pathétique, avec peut-être un fond de vérité.
Si au contraire on médite l’enseignement de Jésus et que l’on soit impressionné par ce qu’entreprirent les Apôtres et les disciples, c’est-à-dire quitter leur vie habituelle, s’en aller parcourir le monde pour dire qui était Jésus et quel était son enseignement, et bien souvent trouver la mort à cause de tout cela, alors on se pose des questions pour atteindre à cette vérité que ces hommes et ces femmes ont reçue de Jésus.
La naissance de Jésus est bien la venue de Dieu en ce monde, de Dieu prenant l’intégralité de la condition humaine et assumant cette condition [Ph 2,6-8]. Mais en même temps, Jésus reste Dieu comme l’affirmeront plus tard les Pères de l’Église. Alors, sa mort est celle de tout homme, mais sa résurrection devient la garantie que la condition humaine survivra à la mort terrestre pour connaître une vie définitive en présence de Dieu.
As-tu compris ?"

Candide hésita avant de répondre: -"Mon ami, je te remercie pour tes efforts de clarté, car je reconnais que le sujet d'aujourd'hui doit nécessairement être médité longuement. Il y a du "pour" mais il y a aussi du "contre". Je ne suis pas encore prête à accueillir sans restriction ce que tu appelles "mystère de la résurrection". Il faut certainement beaucoup de temps pour mûrir dans ta foi."
-"Candide, il te faudra être patiente pour entrer pleinement dans ce qui est la foi au Christ. Il faudra aussi que tu acceptes d’être confrontée à des choses qui heurteront ta raison ; à défaut d’être convaincue immédiatement, tu devras les considérer comme un aspect de la foi à approfondir, un « mystère » comme le définit le vocabulaire religieux des chrétiens. Ne rejette pas ces choses, attends, mets-les de côté, reprends-les, réfléchis, questionne inlassablement ; et puis, un jour, tu seras à même de comprendre."
-"Tu ne te fâcheras pas si je réagis un peu vivement quelquefois? Si je rechigne à recevoir ce que tu m'enseignes?"
-"Bien sûr que non, c’est promis."

-" À dimanche prochain?"
-"Oui, mille fois!"

***
Proposition de méditation

De Saint Épiphane de Salamine (? - 403), évêque
Homélie 3 pour la Résurrection

« Voici le jour que le Seigneur a fait, jour de fête et de joie » (Ps 117,24)
    Le Soleil de justice (Ma 3,20), disparu depuis trois jours, se lève aujourd'hui et illumine toute la création. Christ au tombeau depuis trois jours et existant avant les siècles ! Il pousse comme une vigne et remplit de joie toute la terre habitée. Fixons nos yeux sur le lever d'un soleil qui ne connaîtra pas de déclin ; devançons le jour et soyons remplis de la joie de cette lumière ! 

    Les portes des enfers sont brisées par le Christ, les morts se dressent comme d'un sommeil. Le Christ se lève, lui la résurrection des morts, et il vient réveiller Adam. Le Christ, résurrection de tous les morts, se lève et vient délivrer Ève de la malédiction. Le Christ se lève, lui la résurrection, et il a transfiguré dans sa beauté ce qui était sans beauté ni éclat (Is 53,2). Comme un dormeur, le Seigneur s'est éveillé et a déjoué toutes les ruses de l'ennemi. Il est ressuscité et il donne la joie à toute la création ; il est ressuscité et la prison de l'enfer a été vidée ; il est ressuscité et il a transformé le corruptible en incorruptible (1Co 15,53). Le Christ ressuscité a établi Adam dans l'incorruptibilité, sa dignité première. 

    Dans le Christ, l'Église devient aujourd'hui un ciel nouveau (Ap 21,1), un ciel plus beau à contempler que le soleil visible. Le soleil que nous voyons tous les jours ne peut se mesurer avec ce Soleil-là ; tel un serviteur pénétré de respect, il s'est éclipsé devant lui quand il l'a vu pendu à la croix (Mt 27,45). C'est de ce Soleil que le prophète dit : « Le Seigneur, Soleil de justice, s'est levé pour ceux qui le craignent » (Ma 3,20)... Par lui, le Christ, Soleil de justice, l'Église devient un ciel resplendissant de quantité d'étoiles, jaillies de la piscine baptismale dans leur lumière neuve. « Voici le jour que le Seigneur a fait ; exultons de joie en esprit et réjouissons-nous en lui » (Ps 117,24), pleins d'une allégresse divine.
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Prochain article
Le suaire de Turin
il paraîtra vers le 26 novembre
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Illustrations
- Les disciples d'Emmaüs

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Chers lecteurs, si vous avez des remarques, des observations ou des questions, écrivez-moi à l'adresse theophile21@orange.fr
À suivre chaque de dimanche … si vous le voulez bien.

dimanche 20 novembre  2016

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