samedi 15 octobre 2016

Jèsus est-il un personnage historique?

Les entretiens du dimanche
5
Jésus

1- Jésus a-t-il existé, en un mot est-il un personnage historique?

Juchée sur son beau vélo, ses cheveux bruns volant au vent, Candide arriva tout excitée au rendez-vous désormais dominical. Théophile l'accueillit, un peu surpris de la voir dans un tel état.
- "Théophile, il faut que je …"
- " Bonjour Candide"
- " Ah! oui, heu … bonjour. Attends, je reprends mon souffle et mes esprits."
- "Que t'arrive-t-il?"
- "Et bien, voilà. J'ai repensé à ce que nous a dit ton ami Louis, dimanche dernier. J'ai des tas de questions: pourquoi dit-on de <la Trinité> en parlant d'Élisabeth? Par rapport à Dieu, qui est Jésus? Vous avez aussi évoqué l'Esprit Saint. Quel rapport y a -t-il entre eux? Que font-ils? Vraiment je suis perdue."
- "Rassure-toi, je vais faire de mon mieux pour que tu comprennes et que tout cela ne soit plus confus dans ton esprit."
 Les pèlerins d'Emmaüs (Rembrandt)

Le temps ayant fraîchi, ils s'installèrent confortablement dans la salle que le curé mettait à leur disposition.
Théophile prit la parole: "Pour faire simple, je pense qu'il faut commencer par te parler de Jésus.
C'est lui qui est à l'origine de tout ce que nous vivons en tant que chrétien, c'est-à-dire disciple de Jésus. Il a donné son enseignement à des hommes et des femmes au cours des trois années qui s'écoulèrent avant qu'il soit mis à mort sur une croix par les Romains.
Parmi ces hommes et ces femmes, il y en eut qui lui firent confiance, ce furent ses premiers disciples. D'autres s'en allèrent, par incompréhension ou simplement parce que leur curiosité était sans lendemain. D'autres enfin lui furent résolument hostiles, certains allant même jusqu'à souhaiter sa mort.

- " C'est assez normal comme attitudes, remarqua Candide"
- "Oui, en effet. On constate aujourd'hui les mêmes types de réactions. Cependant, la toute première question que se sont posée les historiens, c'est : Jésus est-il un personnage historique? A-t-il vraiment existé?"
- "Pourquoi? On a pu mettre en doute son existence?"
- "Eh oui! Pourquoi?... Parce qu'on ne trouve aucune trace de textes écrits par Jésus. La grande majorité de ses contemporains juifs, peu intéressés par son enseignement ou carrément hostiles, et les Romains, qui ne voyaient en lui qu'un agitateur, tous n'avaient aucune raison d'en parler… Malgré tout, son nom est très brièvement mentionné chez quatre auteurs du 1er siècle de notre ère.
- "Ah?... Peux-tu préciser?"
- "Évidemment. Avant de poursuivre, une remarque fondamentale s'impose.
De rares écrits contemporains de Jésus permettent d'affirmer que Jésus a existé. Mais ces écrits doivent être reçus avec toutes les ressources et les précautions de la critique historique, car aucun n’a été rédigé selon les normes modernes de la relation historique. Par exemple, la biographie d'un personnage de cette époque ne correspond en rien à celle que nous connaissons aujourd'hui. En effet, dans les tout premiers siècles de notre ère, une biographie relate les évènements et les paroles remarquables concernant un personnage, sans les dater obligatoirement."
- Candide s'écria :"Mais alors, pour Jésus, c'est la raison pour laquelle on hésite encore sur la date de sa naissance et de sa mort? C'est ce que j'ai entendu rapporter"
- " Tout a fait exact… Pour en revenir à ceux qui ont cité Jésus, ils sont quatre.
 Le premier s'appelle Flavius Josèphe. Malgré son nom romanisé, il est juif. On a découvert un passage où il cite Jésus. Flavius Josèphe est un juif sympathisant des Romains. On a pensé que ce texte était trop élogieux pour Jésus, et par conséquent que c'était un faux!
L'avis dominant aujourd'hui est que le noyau de ce passage est authentique. Le silence des sources juives s'explique par la rupture entre la Synagogue et l'Église, consommée en 70. Dès lors, les autorités juives interdirent toute mention du fait chrétien. Un texte tardif du Talmud  a pourtant recueilli sans doute une ancienne tradition qui mentionne <Yeshou de Nazareth … pendu la veille de la Pâque.>"
- " Le Talmud? Qu'est-ce que c'est?"
- Le Talmud ("étude" en hébreu) est l’un des textes fondamentaux du judaïsme rabbinique et la base de sa Halakha ( « Loi »). Il compile les discussions rabbiniques sur les divers sujets de la Loi juive telle qu’exposée dans la Bible hébraïque"
- "Merci"
- "Ensuite, reprit Théophile, viennent trois auteurs romains: Pline le Jeune, Tacite et Suétone. Les Romains n'avaient guère de raison de s'intéresser directement à Jésus. Pour eux, Jésus était un agitateur, remettant en cause bien des fondements de la vie politique et économique. De plus, Rome n'avait pas grande estime pour les superstitions de l'Orient, parmi lesquelles le judaïsme et plus tard le christianisme. Jésus passe donc inaperçu. Mais les chrétiens seront bientôt persécutés.
Vers 111, Pline le jeune parle de gens qui se réunissent <à jour fixe avant le lever du soleil, et chantent un hymne au Christ comme à un dieu>; il demande à l'empereur comment il faut les traiter, parce qu'ils ne rendent pas de culte aux idoles (Cf. Lettres, panégyrique de Trajan). Un autre historien, Tacite, explique comment Néron, en l'an 64, a pu persécuter les chrétiens sans avoir rien à leur reprocher: <Ce nom leur vient du Christ, qui a été exécuté sous le règne de Tibère par le procurateur Ponce Pilate> (Annales  et Vie de Néron). Suétone parle de Jésus indirectement (Vie de Claude).
En conclusion, les quelques mentions de Jésus dans la littérature ancienne suffisent à confirmer son existence et orientent l'attention vers sa mort et la foi en sa résurrection. Ce que nous savons de la vie et de l'enseignement de Jésus vient des sources chrétiennes, spécialement les évangiles.

- "Et bien, tu en sais des choses!"
- "Oh! Arrête de m'encenser!"
- "Je ne me moque pas de toi, bien au contraire, car on n'entend pas souvent parler de cette question de l'existence de Jésus".
Comme à son habitude, Candide se plongea dans ses pensées, et au bout de quelques minutes, elle demanda à Théophile : "J’ai entendu parler d’autres écrits, les apo…quelque chose…"
– "Tu veux parler sans doute des textes apocryphes ?"
– "C’est ça !"
– "Ce sont des textes que l’Église ne reconnaît pas officiellement. Cependant ils présentent de l’intérêt pour se faire une idée des débuts du christianisme."
– "En somme, dit Candide, s’il y a peu d’éléments pour affirmer que Jésus a réellement existé, c’est qu’à son époque on n’avait pas les médias envahissants d’aujourd’hui. Je comprends le silence des Juifs et l’indifférence des Romains. Les évangiles, vos livres sacrés, quelle valeur peut-on leur accorder ?
– "Il est juste de se poser cette question. En effet, l’affirmation centrale des évangiles, le Christ est mort et ressuscité, est invérifiable. Donc le doute est permis, et à l’extrême, on peut qualifier de fable mythologique ce que ces textes racontent. Même après la résurrection de Jésus, le doute persiste sur la réalité de son retour à la vie [ en fin de texte on trouvera deux citations sur ce point]. Il s’ensuit que le même sort est réservé aux miracles, aux déclarations de Jésus sur lui-même, et enfin à l'annonce de son retour à la fin des temps."

Et cependant, aucun texte de toute la littérature mondiale n'a jamais été soumis à autant d'analyses et d'hypothèses. Et les évangiles tiennent toujours, parce que derrière les textes, il y a du réel. Ce sont quatre récits pour un même personnage présenté sous des jours différents. Ils présentent des différences, mais aussi une irrésistible cohérence. Bien loin de se contredire, ces récits s'enrichissent mutuellement. Les évangélistes témoignent de faits qui leur permettent de dire: le Christ est venu, c'est Jésus, Il est Fils de Dieu, il est ressuscité, et aujourd'hui il est vivant."
– "Théo mon ami, tu dis Christ ou Fils de Dieu en parlant de Jésus, peux-tu m’éclairer sur le sens de ces appellations ?"
- "Pour l’instant, chère Candide, notons ces notions que je développerais plus tard. Je pense que tu as pas mal de points concernant Jésus que tu dois assimiler avant d'aller plus loin."

- "Oui, je comprends et je suis de ton avis… À dimanche!"
- "Candide  …"
- "Oui, quoi,"
- "Pour ta sécurité, tu devrais mettre un casque pour faire du vélo…"
- "OK, bye" et elle fonça sur sa bécane….

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Doutes sur Jésus: ainsi en Mt 28,16- 17: "16 Les onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. 17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. "
Et en Jn 21,4: " Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était lui."

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Complément à cet entretien
Commentaire de l’évangile du 29e dimanche
du Temps ordinaire
Année C

Lectures : Ex 17,8-13 ; Ps 120 ; 2 Tm 3,14-4,2 ; Lc 18,1-8

18       1 Jésus dit encore une parabole pour montrer à ses disciples qu'il faut toujours prier sans se décourager : 2 “ Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes. 3 Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : 'Rends-moi justice contre mon adversaire.' 4 Longtemps il refusa ; puis il se dit : 'Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m'ennuyer : 5 je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.' ”
6 Le Seigneur ajouta : “ Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! 7 Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu'il les fait attendre ? 8 Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ”

Proposition de méditation

Nous avons tous compris que le message que l‘évangéliste nous transmet, de génération en génération, est un message sur la prière, mais pas n’importe quelle prière : il faut prier avec persévérance, comme la veuve qui réclame justice avec obstination. Le juge exauce la demande de la veuve pour qu’elle cesse de lui casser la tête. « Casser la tête » est une marque d’irrespect envers notre Seigneur, mais persévérer dans la prière indique au Seigneur à quel point l’objet de notre prière est important, sans pour autant exiger de Dieu qu’il nous donne satisfaction pour une demande illégitime, sacrilège, ou encore farfelue.
Nous savons tous par expérience combien il est difficile de durer dans la prière. Souvent, une émotion, une inquiétude inopinée, que sais-je encore, nous pousse à un élan de prière ; nous promettons à Dieu de tenir nos résolutions prises alors ; mais le temps qui passe voit notre résolution diminuer peu à peu, jusqu’à disparaître totalement. Amère expérience que votre serviteur a déjà vécue de nombreuses fois. Et pourtant les moyens de « tenir » existent : exprimer une prière courte, mais la redire souvent, réciter un psaume comme le psaume 116, le plus court du psautier, mais ô combien riche d’enseignement ! Ou encore, ne pas se laisser distraire de notre prière pour ne pas plonger dans des voies sans issues.
Je voudrais terminer cette proposition de méditation en attirant votre attention sur la dernière phrase de l’évangile de ce dimanche, une phrase qui nous ramène à notre mission de baptisé sur cette terre : annoncer l’évangile pour que « le Fils de l'homme, quand il viendra, trouve la foi sur terre »

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Chers lecteurs, si vous avez des remarques, des observations ou des questions, écrivez-moi à l'adresse theophile21@orange.fr
À suivre chaque dimanche … si vous le voulez bien.
dimanche 16 octobre 2016

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