Les entretiens du dimanche
10
Jésus est-il vraiment ressuscité ?
Résumé des chapitres
précédents
Candide est une jeune femme en recherche
de spiritualité; elle s'est adressée à son ami Théophile, diacre permanent, qui
a accepté de l'aider. Ils se retrouvent chaque dimanche pour un entretien,
auquel un invité peut se joindre. Ainsi nous avons fait la connaissance de
François, moine franciscain, de Louis diacre permanent, du Père Stanislas curé
de la paroisse où ils se réunissent le dimanche, et de Cécile récemment
baptisée et confirmée.
----------
Le dimanche précédent, Candide avait
pris des notes pour relire, à tête reposée, ce que frère François venait de lui
dire. Puis elle ajouta:
-" Dieu ne peut pas mourir. Jésus cependant est
mort sur une croix, quand les Romains le crucifièrent." Candide
exprimait ainsi ce qu'elle pensait.
-" Oui, lui répondit frère François, qui
ajouta: c'est pourquoi nous croyons
fermement au témoignage de ses disciples, quand ils annoncèrent sa
résurrection."
-"Donc, si Jésus est ressuscité, c'est parce
qu'il est Dieu?" avait-elle interrogé avec un soupçon de doute.
-"Oui"
-",Mais alors, pourquoi, vous , chrétiens,
dites-vous que votre religion croit en un seul Dieu, alors que vous soutenez
que vous vénérez Dieu Père, Jésus Fils de Dieu, et l'Esprit-Saint?"
De peur
d'allonger l'entretien et de jeter le trouble dans l'esprit de Candide en lui
donnant trop de sujets d'interrogation, Théophile avait proposé d'en rester là,
pour ce dimanche.
Donc, ce dimanche-là, Candide arriva d’un pas décidé. Théophile
pensait en lui-même qu’elle devait avoir quelques questions sur la résurrection
de Jésus, qui, il faut bien le reconnaître, n’est pas un fait si facile à
accepter. D'emblée, elle attaqua l'entretien de manière directe, presque un peu
hostile.
- "Bonjour Théophile…Tiens, frère François n'est pas là? Dommage … Tu m’as
dit la dernière fois que Jésus était ressuscité, mais nous savons bien par
expérience que personne ne ressuscite après sa mort. Cependant je veux bien admettre,
pour l’instant, que ce que tu me dis est vrai. Alors, si Jésus est vraiment
ressuscité, peux-tu me préciser ce que peuvent signifier la mort et la résurrection
de Jésus?"
- "Avant de
répondre à cela, il faut que je te précise ce qu'on entend par <résurrection>.
D'abord, le mot: il vient du latin resurgere qui signifie se relever, se
lever une nouvelle fois.
L'Ancien
Testament rapporte plusieurs cas de résurrection: celui du fils d'une païenne par Élie [1 R 17,17-24], ou encore celui du fils de la riche sunamite
par Élisée [2 R 4,18-37].
Le Nouveau Testament
n'est pas en reste en cette matière: citons la fille d'un chef de synagogue, Jaïre [Mc 5,22-24.35-43],
le fils unique d'une veuve à Naïm [Lc 7,11-17], et Lazare [Jn 11,1-45], tous trois par Jésus . Il y eut aussi
des cas de résurrection par Pierre et par Paul [Ac 9,36-42 et Ac
20,7-12]. Ceux qui sont revenus à la vie
moururent par la suite. Mais Jésus ressuscité est vivant; il a vaincu la mort."
-" Merci pour ce
distinguo, mais qu'en est-il pour Jésus?"
-" Les premiers disciples de Jésus et ceux qui leur
ont succédé nous ont transmis quatre récits dont je te donne les références.
Les voici:
d'abord le témoignage de ceux qui furent les premiers à constater que le
tombeau de Jésus était vide: Marie
Madeleine et les deux disciples, qui furent également témoins de la première
apparition de Jésus ressuscité. Tu trouveras ce témoignage dans les quatre
évangiles en [Jn 20, 1- 18 // Mt 28, 1-9; Mc 16, 1-8 ; Lc 24, 1-
11].
Ensuite et
parallèlement à ce premier épisode, c'est la rencontre de Jésus avec deux
disciples qui se rendaient au village d'Emmaüs. Ils s'entretenaient de tout ce
qui s'était passé. Tandis qu'ils
parlaient et discutaient, Jésus s'approcha, et il marchait avec eux. Jésus leur
expliqua tout. Tu liras le récit complet en [Lc 24, 13-53.]
Puis, le même
soir, le premier jour de la semaine, les disciples étaient réunis et ils
avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des
Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Cela est consigné en [Jn 20, 19-29].
Enfin, j'en
appelle à Saint Paul qui a écrit dans sa première lettre aux Corinthiens:
Avant
tout, je vous ai transmis ceci, que j'ai moi-même reçu: le Christ est mort, il
a été mis au tombeau, il est ressuscité le troisième jour, et il est apparu à
Pierre, puis aux Douze; ensuite il est
apparu à plus de cinq cents frères à la fois - la plupart sont encore vivants,
et quelques-uns sont morts -; ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les
Apôtres, et en tout dernier lieu, il est même apparu à l'avorton que je suis. Comment certains d'entre vous peuvent-ils affirmer
qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? S'il n'y a pas de résurrection des
morts, le Christ, lui non plus, n'est pas ressuscité. Et si le Christ n'est pas
ressuscité, notre message est sans objet, et votre foi est sans objet. [1 Co 15, 12-34].
Pardonne-moi
d'avoir été un peu long, mais il fallait bien que je te donne les récits qui
sont le point de départ de la foi en Jésus ressuscité."
-" Oui, je te
remercie de ces précisons, mais …."
-", Mais?..."
-" Et bien,
je ne suis pas convaincue."
-"C'est normal, et à l'époque où se situe cet événement exceptionnel,
les sceptiques furent nombreux, à commencer par les membres du Temple. je te
lis un passage de l'évangile de saint Matthieu [Mt 28,11-15]:
Tandis que
Madeleine et l'autre Marie venues faire leur visite au tombeau de Jésus étaient
en chemin, quelques-uns des hommes chargés de garder le tombeau allèrent en
ville annoncer aux chefs des prêtres tout ce qui s'était passé. Ceux-ci, après
s'être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une
forte somme en leur disant:“ Voilà ce que vous raconterez : 'Ses disciples sont
venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.' Et si tout cela vient
aux oreilles du gouverneur, nous lui expliquerons la chose, et nous vous
éviterons tout ennui. ” Les soldats prirent l'argent et suivirent la leçon. Et
cette explication s'est propagée chez les Juifs jusqu'à ce jour.
Pierre et Jean vinrent au tombeau pour vérifier ce que les femmes leur
avaient annoncé; ils pensaient qu'elles étaient "dérangées" comme on
dit, qu'elles disaient n'importe quoi. C'est ce que saint Luc a retenu [Lc 24,11]: <Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne
les croyaient pas.>"
-" Ce
que tu me dis est troublant. Que croire? Qui croire?"
-"Voici
mon dernier argument. L'apôtre Jean, un témoin difficilement récusable, a
raconté ce qui s'était passé au tombeau, quand il s'y rendit avec Pierre.
Voici:
<Pierre partit donc avec l'autre
disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais
l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En
se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n'entre pas. Simon-Pierre,
qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le
linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le
linceul, mais roulé à part à sa place. C'est alors qu'entra l'autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en
effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Écriture, il fallait que
Jésus ressuscite d'entre les morts.> [Jn 20,3-9]
Candide était rêveuse. Son silence ne pouvait s'expliquer que par la
lutte qui se livrait en elle: la raison
lui soufflait que tout cela était merveilleux, mais tellement inouï! Il lui
était impossible de recevoir en toute confiance le témoignage des premiers disciples
de Jésus. Bien sûr, elle reconnaissait que le christianisme avait conquis très
rapidement l'Occident païen, que pendant trois siècles les chrétiens furent l'objet
de persécutions et de tortures effroyables. Mais en réalité, elle découvrait
qu'elle était encore loin de reconnaître que Dieu avait envoyé Jésus pour
donner l'ultime révélation de son amour et de sa miséricorde pour les hommes.
Théophile,
quant à lui, était conscient de la difficulté de faire partager sa foi à
Candide. Il se souvenait des paroles d'un prêtre qui lui avait dit que la foi
progresse en l'homme, comme un marcheur qui fait trois pas en avant puis deux en
arrière jusqu'à ce qu'il parvienne au but de sa marche.
- Cependant,
Théophile décida de rompre le silence, pour ajouter quelques mots: "Il y a deux manières d’appréhender ce que
j’appellerai le mystère de la résurrection de Jésus, en donnant au mot mystère
un sens plus complexe que le sens courant d’énigme : il faut le comprendre
comme quelque chose qui se laisse saisir avec de plus en plus de profondeur,
dans la mesure bien évidemment où on veut creuser le sujet.
Si on se borne
au Jésus historique, le récit de sa naissance qu’en donne Luc est une fable, à
peine plus crédible que les récits mythologiques. Quant à sa résurrection, elle
est incroyable même si on pressent que le témoignage des Apôtres et des
disciples qui iront jusqu’au martyre a quelque chose de pathétique, avec
peut-être un fond de vérité.
Si au contraire
on médite l’enseignement de Jésus et que l’on soit impressionné par ce
qu’entreprirent les Apôtres et les disciples, c’est-à-dire quitter leur vie
habituelle, s’en aller parcourir le monde pour dire qui était Jésus et quel était
son enseignement, et bien souvent trouver la mort à cause de tout cela, alors
on se pose des questions pour atteindre à cette vérité que ces hommes et ces
femmes ont reçue de Jésus.
La naissance de
Jésus est bien la venue de Dieu en ce monde, de Dieu prenant l’intégralité de
la condition humaine et assumant cette condition [Ph 2,6-8]. Mais en même temps, Jésus reste Dieu comme
l’affirmeront plus tard les Pères de l’Église. Alors, sa mort est celle de tout
homme, mais sa résurrection devient la garantie que la condition humaine
survivra à la mort terrestre pour connaître une vie définitive en présence de
Dieu.
As-tu
compris ?"
Candide
hésita avant de répondre: -"Mon ami,
je te remercie pour tes efforts de clarté, car je reconnais que le sujet d'aujourd'hui
doit nécessairement être médité longuement. Il y a du "pour" mais il
y a aussi du "contre". Je ne suis pas encore prête à accueillir sans
restriction ce que tu appelles "mystère de la résurrection". Il faut certainement
beaucoup de temps pour mûrir dans ta foi."
-"Candide, il te faudra être patiente pour
entrer pleinement dans ce qui est la foi au Christ. Il faudra aussi que tu
acceptes d’être confrontée à des choses qui heurteront ta raison ; à
défaut d’être convaincue immédiatement, tu devras les considérer comme un
aspect de la foi à approfondir, un « mystère » comme le définit le
vocabulaire religieux des chrétiens. Ne rejette pas ces choses, attends, mets-les
de côté, reprends-les, réfléchis, questionne inlassablement ; et puis, un
jour, tu seras à même de comprendre."
-"Tu ne te fâcheras pas si je réagis un peu
vivement quelquefois? Si je rechigne à recevoir ce que tu m'enseignes?"
-"Bien sûr que non, c’est promis."
-" À
dimanche prochain?"
-"Oui,
mille fois!"
***
Proposition
de méditation
De Saint Épiphane de Salamine (? - 403),
évêque
Homélie 3 pour la Résurrection
« Voici le jour que le Seigneur a fait,
jour de fête et de joie » (Ps 117,24)
Le Soleil de justice (Ma
3,20), disparu depuis trois jours, se lève aujourd'hui et illumine toute la
création. Christ au tombeau depuis trois jours et existant avant les siècles !
Il pousse comme une vigne et remplit de joie toute la terre habitée. Fixons nos
yeux sur le lever d'un soleil qui ne connaîtra pas de déclin ; devançons le jour
et soyons remplis de la joie de cette lumière !
Les portes des enfers sont
brisées par le Christ, les morts se dressent comme d'un sommeil. Le Christ se
lève, lui la résurrection des morts, et il vient réveiller Adam. Le Christ,
résurrection de tous les morts, se lève et vient délivrer Ève de la
malédiction. Le Christ se lève, lui la résurrection, et il a transfiguré dans
sa beauté ce qui était sans beauté ni éclat (Is 53,2). Comme un dormeur, le
Seigneur s'est éveillé et a déjoué toutes les ruses de l'ennemi. Il est
ressuscité et il donne la joie à toute la création ; il est ressuscité et la
prison de l'enfer a été vidée ; il est ressuscité et il a transformé le
corruptible en incorruptible (1Co 15,53). Le Christ ressuscité a établi Adam
dans l'incorruptibilité, sa dignité première.
Dans le Christ, l'Église
devient aujourd'hui un ciel nouveau (Ap 21,1), un ciel plus beau à contempler
que le soleil visible. Le soleil que nous voyons tous les jours ne peut se
mesurer avec ce Soleil-là ; tel un serviteur pénétré de respect, il s'est
éclipsé devant lui quand il l'a vu pendu à la croix (Mt 27,45). C'est de ce
Soleil que le prophète dit : « Le Seigneur, Soleil de justice, s'est levé pour
ceux qui le craignent » (Ma 3,20)... Par lui, le Christ, Soleil de justice,
l'Église devient un ciel resplendissant de quantité d'étoiles, jaillies de la
piscine baptismale dans leur lumière neuve. « Voici le jour que le Seigneur a
fait ; exultons de joie en esprit et réjouissons-nous en lui » (Ps 117,24),
pleins d'une allégresse divine.
----------------------------
Prochain article
Le suaire de Turin
il paraîtra vers le 26 novembre
il paraîtra vers le 26 novembre
-----------------------
Illustrations
-
Les disciples d'Emmaüs
--------
Chers
lecteurs, si vous avez des remarques, des observations ou des questions,
écrivez-moi à l'adresse theophile21@orange.fr
À
suivre chaque de dimanche … si vous le voulez bien.
dimanche 20 novembre
2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire