Les entretiens
du dimanche
15
Noël
Avant
de retrouver nos amis,
je vous invite à lire ce qui suit, s'il
vous plaît.
Nous vous souhaitons un joyeux Noël!
Vivez-le dans la méditation des merveilles que Dieu
fait pour vous.
Vivez-le
dans la joie de la famille.
Mais
si vous êtes en situation difficile, sachez que Dieu ne vous oublie pas.
Si le monde vit des temps difficiles, marqués par la
guerre,
le terrorisme et les migrations de nombreux
malheureux,
sachons voir les signes que Dieu nous donne.
Prions, prions sans cesse,
prions pour ceux que nous aimons,
mais aussi pour ceux que la maladie accable,
pour ceux que la solitude écrase,
pour ceux qui n'ont que la rue pour logement,
et pour ceux qui n'ont plus de raisons d'espérer.
*****
Cette année, la fête de Noël est célébrée
un dimanche. Exceptionnellement, nos amis avaient donc décidé de se retrouver
la veille de Noël.
Le sujet de leur entretien porte sur
cette fête, l'une des plus importantes de la chrétienté, même si nos frères
orthodoxes la célèbrent quelques jours plus tard, pour une affaire de
calendrier différent. En effet, c'est en 1582 que le pape Grégoire XIII décida
de remplacer le calendrier julien, calendrier lunaire, par un nouveau
calendrier (calendrier solaire, appelé calendrier grégorien), ce qui entraîna la suppression de 10 jours,
passant ainsi du jeudi 4 octobre 1582 au vendredi 15 octobre 1582. La France
adopta ce nouveau calendrier en décembre 1582. Le décalage actuel est de 13
jours. Les chrétiens orthodoxes décidèrent de ne pas appliquer cette réforme en
raison du schisme de 1054.
*****
Comme
d'habitude, Théophile accueillit Candide dans la petite salle attenante à
l'église.
-"Théo, peux-tu me dire ce que représente Noël
pour les chrétiens, bien que je ne sois pas aussi ignorante que tu peux le
penser, n'est-ce pas! … et d'abord d'où provient ce mot?"
-"Je crois, lui répondit Théophile, que beaucoup de gens l'ignorent. En fait, il
y deux hypothèses, mais je ne saurais te
dire si elles sont acceptables."
-"Ah bon!"
-"Oui, en effet. La première
hypothèse suppose que noël est
une contraction des deux mots latins natalis
dies, «jour de la naissance», de Jésus évidemment. La seconde y voit
la contraction d’une acclamation des soldats romains envers l’empereur Aurélien :
novus helios, « nouveau
soleil ». Je n'en sais pas plus."
-"As-tu remarqué que la contraction de novus helios
serait proche de no-el?"
-"C'est envisageable, reconnut
Théophile, mais l'empereur Aurélien qui a
vécu au 3e siècle ap. J-C. était un païen qui s'était proclamé dieu et empereur
en référence au dieu soleil."
-"Bof!"….
-" …. et n'oublies pas que les chrétiens ont été persécutés
jusqu'en 331, année où l'empereur Constantin a proclamé le christianisme
religion d'État."
-"Bien, maître, je m'incline." admit Candide, en mimant une mine déconfite, mais moqueuse, à n'en pas
douter.
-"À ta première question, je peux t'affirmer que Noël est la
grande fête de la fin de l’année ! De plus en plus désacralisée,
semble-t-il, en France particulièrement, hélas! Mais elle reste cependant une des principales
fêtes de famille, ce qui est heureux par les temps qui courent où nombre de
familles sont dispersées, désunies ou recomposées. Pour les chrétiens par
contre, c’est avant tout la fête de la naissance du Sauveur, de Jésus-Christ, Dieu
venu sur Terre pour que tous les hommes vivent avec Lui à la fin des temps. À
la joie de se remémorer la naissance de leur Sauveur, les chrétiens, bien sûr,
ne manquent pas de fêter aussi la
famille par la même occasion. L'amour de Dieu pour l'humanité suscite le même
amour chez ses disciples, même si les drames qui ne manquent pas dans la vie ne
leur font pas douter des intentions de Dieu pour leur donner un bonheur
éternel.
Lorsque je préparais des couples au mariage, j'ai pu constater que,
pour eux, Noël était la fête chrétienne la plus suivie, bien avant Pâques et
les autres. Mais ils avouaient une ignorance regrettable sur sa signification
profonde; beaucoup en étaient restés au "petit Jésus".
-"Je sais, reprit Candide, que les chrétiens célèbrent la naissance
de Jésus, Fils de Dieu. Mais, qu'est-ce qui fonde cette fête? Comment cette
naissance fut-elle annoncée?"
-"J'y
viens. Je te rappelle la prophétie d'Isaïe, mais aussi le texte du prophète Michée,
sixième des douze petits
prophètes, qui prophétisa sous les règnes de Jotham, Acaz et Ezéchias, tous
trois rois de Juda, et qui fut peut-être contemporain du prophète Isaïe:
< Et toi, Bethléem
Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi
celui qui doit gouverner Israël.> [Mi 5,1]
La suite du texte est intéressante, car
elle précise que
<Dieu livrera son peuple jusqu’au
jour où enfantera... celle qui doit enfanter … Il se dressera et il sera leur
berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu
... et lui-même, il sera la paix !>"
-"Intéressant cela. Deux
prophéties semblables et probablement contemporaines l'une de l'autre!"
- Théophile hocha la tête, et
il poursuivit le cours de son exposé: "Il
y a environ 2.000 ans naquit un petit enfant, dans une bourgade de Judée,
appelée Bethléem. L’empereur de Rome, Auguste je crois, avait ordonné de recenser les habitants de son
vaste empire. En Palestine, tous devaient se rendre dans leur ville d’origine
pour y être recensés. C’est ainsi que Joseph et Marie partirent de Nazareth en
Galilée pour se rendre à la ville natale de Joseph, Bethléem, alors que Marie était enceinte.
Dur et long voyage pour un couple qui n’était pas riche; environ
140 km, à parcourir à pied et à dos d'âne si on en croit un célèbre film. Le déplacement des foules était tel qu’à
Bethléem, Joseph et Marie ne trouvèrent pas de place pour se loger, dans ce qui
était sans doute le caravansérail. Une grotte, ou une grange, peut-être une
étable, dit-on, fut le seul abri qu’ils trouvèrent et c’est là, dans une grande
pauvreté, que naquit leur fils, Jésus. Marie
mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une
mangeoire (Lc 2,7)
Ainsi le puissant empereur de Rome ignorait que, sur son
ordre, naissait ce petit enfant qui devait bouleverser le monde,
accomplissant enfin les prophéties qui avaient annoncé un Messie chez les
Juifs."
-"Tu es allé deux fois en pèlerinage en Israël. Tu connais le
pays où se déroula ce voyage exténuant sans doute pour une toute jeune femme
enceinte."
-"Oui, en effet. Cependant, avant d'évoquer la naissance de
l'enfant, il faut que je te raconte deux événements majeurs qui l'ont précédée:
d'abord l'Annonciation puis la visite de Marie à sa cousine Élisabeth."
-"Je suis tout ouïe, mon ami. Je t'écoute."
-"L'Annonciation. Un ange vient annoncer à
Marie qu'elle va enfanter le Sauveur."
-"Pardonne-moi de t'interrompre, mais comment
sait-on ce qui s'est dit entre l'ange et Marie, car je suppose qu'il n'y avait
pas de témoin?"
-"En effet, tu supposes bien. Je vais ouvrir
une parenthèse. L'évangéliste Luc a rapporté cette scène. Il ne peut pas
l'avoir inventée. Il faut donc supposer que Luc a recueilli directement le
contenu de cet événement auprès de Marie. Il faut aussi noter que Luc est le
seul à raconter d'autres épisodes de la vie de Jésus; outre l’Annonciation, je
citerai la Visitation, la visite des bergers à la crèche, la venue des rois
mages, Jésus parmi les docteurs de la Loi. Son évangile aurait été écrit entre
60 et 80. En ce cas, Jésus n’étant plus de ce monde depuis l’an 30 (ou 31), qui
a renseigné saint Luc ? De qui a-t-il recueilli des informations si
précises sur l’Annonciation, la Visitation, etc. Se pourrait-il que Luc ait
rencontré Marie ? Luc a-t-il été renseigné par Jean qui a recueilli Marie
après le départ de Jésus ? Questions sans réponses à notre connaissance,
et qui ne doivent pas nous arrêter; n'oublions pas qu'il n'y a pas de
biographies de ces hommes et femmes. Avancer une date de naissance ou de décès
est pure conjecture."
-"Bien. Que peux-tu me
dire sur l'Annonciation?"
-"Comme tu as avec toi une
bible, ouvre-la et cherche dans l'évangile de Luc au chapitre 1, versets 28 à
38. Tu y es?"
-"Oui."
-"La scène nous est bien
connue. L'archange Gabriel vient annoncer à Marie qu'elle enfantera de l'Esprit
Saint le fils de Dieu. Dieu propose et attend une réponse. Elle sera donnée, en toute liberté : « Voici la
servante du Seigneur ! Qu'il me soit fait selon ta parole. » Marie devient
la mère de Jésus, le Messie tant espéré et attendu par les Juifs. Nous savons
que Marie deviendra, au pied de la croix, la Mère de l'Église, puis les
chrétiens verront en elle la Mère du Sauveur avant qu’elle ne devienne, beaucoup
plus tard, la Mère de Dieu. Dieu commence en Marie sa vie humaine qui le
conduira jusqu'à la Croix, la mort et la Résurrection, jusqu'à la Gloire
finale.
L'Annonciation et l'Incarnation ne sont, pour ainsi
dire, qu'un seul et inséparable mystère. Depuis plus de quatre mille ans, la
terre attendait le Sauveur promis.
Qui pouvait
bien être choisie pour être celle qui, d'après les plans divins, doit donner
naissance au Sauveur du monde? Où vit-elle? Est-ce une femme remarquable et
célèbre? Rien de tout cela. Il y a dans
une petite bourgade de Palestine à la réputation douteuse [Jn 1,46], à Nazareth, une humble et pauvre maison où
habite une jeune vierge inconnue ; son nom est Marie. Elle est l’épouse d'un
ouvrier charpentier, Joseph.
L'ange
soudain paraît devant elle : "Je vous salue, pleine de grâce, dit-il, le
Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes!" Marie se
trouble, à ces étonnantes paroles. Quel honneur et
quel bonheur! Pourquoi? Pour donner naissance au Sauveur? Mais comment
s'opérera cette merveille en celle qui a voué à Dieu sa virginité? La réponse
est facile à l'envoyé du Ciel :
"L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut
te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et
il sera appelé Fils de Dieu."
Marie n'a
plus qu'à prononcer le oui qui va
faire tressaillir la terre d'espérance.
Il
est facile de comprendre cet événement dans la perspective de l'histoire
d'Israël, le peuple élu dont Marie est fille, mais il est facile aussi de le
comprendre comme la réponse aux questions fondamentales de l'humanité. Dieu va
au-devant de notre inquiétude. Il ne s'agit pas seulement ici de paroles de
Dieu révélées par les prophètes, mais, au moment où Marie dit oui, le Verbe se
fait réellement chair [Jn
1,14]. Marie atteint ainsi une telle union à Dieu qu'elle dépasse toutes les
attentes de l'esprit humain. Elle dépasse même les attentes d'Israël. Ce n'est
que par la force de l'Esprit Saint « venu sur elle » que Marie pouvait accepter
ce qui est « impossible aux hommes, mais possible à Dieu » (Mc 10,27)"
Candide
avait écouté attentivement. Elle tentait de saisir l'importance de ce récit
pour les hommes et femmes de tous les temps, de toutes les nations, de toutes les
pensées.
-"J'ai beaucoup de questions à te poser?"
dit-elle.
-"Je n'en doute pas. Je te propose de les
noter et nous verrons plus tard en détail la signification de l'Annonciation.
Il en sera de même pour ce que je vais te dire sur la visite de Marie à sa
cousine Élisabeth, récit plus connu sous le vocable "La Visitation."
-"D'accord."
-" Après
avoir annoncé à Marie le mystère de l'Incarnation, l'archange Gabriel la
prévient que sa cousine Élisabeth, âgée et jusque là stérile, sera mère dans trois
mois:
" Voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu,
elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors
qu'on l'appelait : 'la femme stérile'. Car
rien n'est impossible à Dieu."
Toute à la joie
de sa maternité future, Marie ne tarde pas à se mettre en route pour féliciter
l'heureuse mère. Note bien que Marie ne doute pas un instant de la parole de
l'ange. A-t-elle besoin du signe que lui donne l'ange en annonçant la venue
d'un enfant pour sa cousine?
Marie
possédait en elle, avec Jésus, toutes les richesses et toutes les joies du ciel
; cela lui suffisait. Elle voyait, dans l'accomplissement de cette visite, une
occasion de glorifier Dieu. La rencontre des deux futures mères, et surtout des
deux enfants qu'elles portaient, était dans les desseins de Dieu. Marie n'hésita
pas à s'exposer aux fatigues d'un long chemin (110 km à vol d’oiseau à travers
la Samarie).
Marie n'a pas été retenue
par les rigueurs d’un voyage, dur et périlleux en son état, ni du service à
rendre à sa cousine. Marie resta auprès d'Élisabeth environ trois mois.
Ouvre maintenant ta bible au
chapitre 1, versets 39 à 56 de
l'évangile de Luc. Lis ce passage tranquillement, et attache-toi surtout aux
versets 46 à 55; ils composent ce qu'on appelle le Magnificat."
Candide
se concentra sur sa lecture, avec un silence que Théophile ne troubla pas.
Enfin,
elle leva les yeux de sa bible et dit à Théo : "C'est beau! C'est magnifique, si j'ose dire! Je
comprends pourquoi tu souhaites que nous en reparlions plus tard. Je te remercie
de tout ce que tu m'as dit avant la fête de Noël. J'espère que je la vivrai
plus intensément que les quelques fois où j'y suis allée par curiosité. Merci,
Théo… Et joyeux Noël!"
Nos deux amis se donnèrent rendez-vous pour la messe
de minuit.
*****
Prochain texte
L'enfance de Jésus
le 31
décembre
si Dieu
le permet.
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Illustrations
Giotto - la
naissance de Jésus
Baldovinetti -
L'annonciation
Domenico Ghirlandaio
- La Visitation
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Chers
lecteurs, si vous avez des remarques, des observations ou des questions,
écrivez-moi à l'adresse jacques.choquet2@orange.fr
À suivre
chaque dimanche … si vous le voulez bien.
Le 20 décembre 2016
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