Les entretiens du dimanche
5
Jésus
1-
Jésus a-t-il existé, en un mot est-il un personnage historique?
Juchée sur son beau vélo, ses cheveux
bruns volant au vent, Candide arriva tout excitée au rendez-vous désormais
dominical. Théophile l'accueillit, un peu surpris de la voir dans un tel état.
-
"Théophile, il faut que je …"
-
" Bonjour Candide"
-
" Ah! oui, heu … bonjour. Attends,
je reprends mon souffle et mes esprits."
-
"Que t'arrive-t-il?"
-
"Et bien, voilà. J'ai repensé à ce
que nous a dit ton ami Louis, dimanche dernier. J'ai des tas de questions:
pourquoi dit-on de <la Trinité> en parlant d'Élisabeth? Par rapport à
Dieu, qui est Jésus? Vous avez aussi évoqué l'Esprit Saint. Quel rapport y a
-t-il entre eux? Que font-ils? Vraiment je suis perdue."
-
"Rassure-toi, je vais faire de mon
mieux pour que tu comprennes et que tout cela ne soit plus confus dans ton
esprit."
Les pèlerins d'Emmaüs (Rembrandt)
Le temps ayant fraîchi, ils s'installèrent
confortablement dans la salle que le curé mettait à leur disposition.
Théophile
prit la parole: "Pour faire simple,
je pense qu'il faut commencer par te parler de Jésus.
C'est
lui qui est à l'origine de tout ce que nous vivons en tant que chrétien,
c'est-à-dire disciple de Jésus. Il a donné son enseignement à des hommes et des
femmes au cours des trois années qui s'écoulèrent avant qu'il soit mis à mort
sur une croix par les Romains.
Parmi
ces hommes et ces femmes, il y en eut qui lui firent confiance, ce furent ses
premiers disciples. D'autres s'en allèrent, par incompréhension ou simplement parce
que leur curiosité était sans lendemain. D'autres enfin lui furent résolument
hostiles, certains allant même jusqu'à souhaiter sa mort.
- " C'est
assez normal comme attitudes, remarqua Candide"
- "Oui, en
effet. On constate aujourd'hui les mêmes types de réactions. Cependant, la
toute première question que se sont posée les historiens, c'est : Jésus est-il
un personnage historique? A-t-il vraiment existé?"
-
"Pourquoi? On a pu mettre en doute son existence?"
- "Eh oui!
Pourquoi?... Parce qu'on ne trouve aucune trace de textes écrits par Jésus. La
grande majorité de ses contemporains juifs, peu intéressés par son enseignement
ou carrément hostiles, et les Romains, qui ne voyaient en lui qu'un agitateur,
tous n'avaient aucune raison d'en parler… Malgré tout, son nom est très
brièvement mentionné chez quatre auteurs du 1er siècle de notre ère.
- "Ah?...
Peux-tu préciser?"
- "Évidemment.
Avant de poursuivre, une remarque fondamentale s'impose.
De
rares écrits contemporains de Jésus permettent d'affirmer que Jésus a existé. Mais ces
écrits doivent être reçus avec toutes les ressources et les précautions de la
critique historique, car aucun n’a été rédigé selon les normes modernes de la
relation historique. Par exemple, la biographie d'un personnage de cette époque
ne correspond en rien à celle que nous connaissons aujourd'hui. En effet, dans
les tout premiers siècles de notre ère, une biographie relate les évènements et
les paroles remarquables concernant un personnage, sans les dater
obligatoirement."
- Candide s'écria :"Mais alors, pour Jésus, c'est la
raison pour laquelle on hésite encore sur la date de sa naissance et de sa
mort? C'est ce que j'ai entendu rapporter"
- " Tout a fait
exact… Pour en revenir à ceux qui ont cité Jésus, ils sont quatre.
Le premier
s'appelle Flavius Josèphe. Malgré son nom romanisé, il est juif. On a découvert
un passage où il cite Jésus. Flavius Josèphe est un juif sympathisant des
Romains. On a pensé que ce texte était trop élogieux pour Jésus, et par
conséquent que c'était un faux!
L'avis dominant aujourd'hui est que le noyau de ce
passage est authentique. Le silence des sources juives s'explique par la
rupture entre la Synagogue et l'Église, consommée en 70. Dès lors, les
autorités juives interdirent toute mention du fait chrétien. Un texte tardif du
Talmud a pourtant recueilli sans doute
une ancienne tradition qui mentionne <Yeshou de Nazareth … pendu la veille
de la Pâque.>"
- " Le Talmud? Qu'est-ce que
c'est?"
- Le Talmud ("étude" en
hébreu) est l’un des textes fondamentaux du judaïsme
rabbinique et la base de sa Halakha ( « Loi »).
Il compile les discussions rabbiniques sur les divers sujets de la Loi
juive telle qu’exposée dans la Bible
hébraïque"
-
"Merci"
- "Ensuite,
reprit
Théophile, viennent trois auteurs
romains: Pline le Jeune, Tacite et Suétone. Les Romains n'avaient guère de
raison de s'intéresser directement à Jésus. Pour eux, Jésus était un agitateur,
remettant en cause bien des fondements de la vie politique et économique. De plus,
Rome n'avait pas grande estime pour les superstitions de l'Orient, parmi
lesquelles le judaïsme et plus tard le christianisme. Jésus passe donc
inaperçu. Mais les chrétiens seront bientôt persécutés.
Vers 111, Pline le jeune parle de gens qui se réunissent
<à jour fixe avant le lever du soleil, et chantent un hymne au Christ comme
à un dieu>; il demande à l'empereur comment il faut les traiter, parce
qu'ils ne rendent pas de culte aux idoles (Cf. Lettres, panégyrique de Trajan). Un autre historien, Tacite, explique
comment Néron, en l'an 64, a pu persécuter les chrétiens sans avoir rien à leur
reprocher: <Ce nom leur vient du Christ, qui a été exécuté sous le règne de
Tibère par le procurateur Ponce Pilate> (Annales et Vie de Néron). Suétone parle de Jésus indirectement (Vie de Claude).
En
conclusion, les quelques mentions de Jésus dans la littérature ancienne
suffisent à confirmer son existence et orientent l'attention vers sa mort et la
foi en sa résurrection. Ce que nous savons de la vie et de l'enseignement de
Jésus vient des sources chrétiennes, spécialement les évangiles.
- "Et bien,
tu en sais des choses!"
- "Oh! Arrête
de m'encenser!"
-
"Je ne me moque pas de toi, bien au contraire, car on n'entend pas souvent
parler de cette question de l'existence de Jésus".
Comme à son habitude, Candide se plongea
dans ses pensées, et au bout de quelques minutes, elle demanda à Théophile : "J’ai entendu parler d’autres écrits, les
apo…quelque chose…"
–
"Tu veux parler sans doute des
textes apocryphes ?"
–
"C’est ça !"
–
"Ce sont des textes que l’Église ne
reconnaît pas officiellement. Cependant ils présentent de l’intérêt pour se
faire une idée des débuts du christianisme."
– "En somme, dit Candide, s’il y
a peu d’éléments pour affirmer que Jésus a réellement existé, c’est qu’à son
époque on n’avait pas les médias envahissants d’aujourd’hui. Je comprends le
silence des Juifs et l’indifférence des Romains. Les évangiles, vos livres
sacrés, quelle valeur peut-on leur accorder ?
– "Il est juste de se poser cette question. En effet, l’affirmation
centrale des évangiles, le Christ est
mort et ressuscité, est invérifiable. Donc le doute est permis, et à
l’extrême, on peut qualifier de fable mythologique ce que ces textes racontent.
Même après la résurrection de Jésus, le doute persiste sur la réalité de son
retour à la vie [ en fin de texte
on trouvera deux citations sur ce point]. Il s’ensuit que le même sort est réservé aux
miracles, aux déclarations de Jésus sur lui-même, et enfin à l'annonce de son
retour à la fin des temps."
Et cependant, aucun texte de toute la littérature
mondiale n'a jamais été soumis à autant d'analyses et d'hypothèses. Et les
évangiles tiennent toujours, parce que derrière
les textes, il y a du réel. Ce sont quatre récits pour un même personnage
présenté sous des jours différents. Ils présentent des différences, mais aussi
une irrésistible cohérence. Bien loin de se contredire, ces récits
s'enrichissent mutuellement. Les évangélistes témoignent de faits qui leur
permettent de dire: le Christ est venu, c'est Jésus, Il est Fils de Dieu, il
est ressuscité, et aujourd'hui il est vivant."
–
"Théo mon ami, tu dis Christ ou Fils
de Dieu en parlant de Jésus, peux-tu m’éclairer sur le sens de ces
appellations ?"
-
"Pour l’instant, chère Candide, notons
ces notions que je développerais plus tard. Je pense que tu as pas mal de
points concernant Jésus que tu dois assimiler avant d'aller plus loin."
- "Oui, je
comprends et je suis de ton avis… À dimanche!"
-
"Candide …"
- "Oui,
quoi,"
- "Pour ta
sécurité, tu devrais mettre un casque pour faire du vélo…"
- "OK,
bye" et
elle fonça sur sa bécane….
****************
Doutes
sur Jésus:
ainsi en Mt 28,16- 17: "16 Les
onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait
ordonné de se rendre. 17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais
certains eurent des doutes. "
Et
en Jn 21,4: " Au lever du jour,
Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était
lui."
***********************
Complément
à cet entretien
Commentaire de l’évangile du 29e dimanche
du Temps ordinaire
Année C
Lectures :
Ex 17,8-13 ; Ps 120 ; 2 Tm 3,14-4,2 ; Lc 18,1-8
18
1 Jésus dit encore une parabole pour
montrer à ses disciples qu'il faut toujours prier sans se décourager : 2 “ Il y
avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des
hommes. 3 Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander :
'Rends-moi justice contre mon adversaire.' 4 Longtemps il refusa ; puis il se
dit : 'Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme
commence à m'ennuyer : 5 je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus
sans cesse me casser la tête.' ”
6
Le Seigneur ajouta : “ Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! 7 Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus,
qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu'il les fait attendre ? 8 Je
vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ?
”
Proposition
de méditation
Nous
avons tous compris que le message que l‘évangéliste nous transmet, de
génération en génération, est un message sur la prière, mais pas n’importe
quelle prière : il faut prier avec persévérance, comme la veuve qui
réclame justice avec obstination. Le juge exauce la demande de la veuve pour
qu’elle cesse de lui casser la tête. « Casser
la tête » est une marque d’irrespect envers notre Seigneur, mais
persévérer dans la prière indique au Seigneur à quel point l’objet de notre
prière est important, sans pour autant exiger de Dieu qu’il nous donne
satisfaction pour une demande illégitime, sacrilège, ou encore farfelue.
Nous
savons tous par expérience combien il est difficile de durer dans la prière.
Souvent, une émotion, une inquiétude inopinée, que sais-je encore, nous pousse
à un élan de prière ; nous promettons à Dieu de tenir nos résolutions
prises alors ; mais le temps qui passe voit notre résolution diminuer peu
à peu, jusqu’à disparaître totalement. Amère expérience que votre serviteur a
déjà vécue de nombreuses fois. Et pourtant les moyens de « tenir » existent : exprimer
une prière courte, mais la redire souvent, réciter un psaume comme le psaume
116, le plus court du psautier, mais ô combien riche d’enseignement ! Ou
encore, ne pas se laisser distraire de notre prière pour ne pas plonger dans
des voies sans issues.
Je voudrais
terminer cette proposition de méditation en attirant votre attention sur la
dernière phrase de l’évangile de ce dimanche, une phrase qui nous ramène à
notre mission de baptisé sur cette terre : annoncer l’évangile pour que
« le Fils de l'homme, quand il
viendra, trouve la foi sur terre »
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Chers
lecteurs, si vous avez des remarques, des observations ou des questions,
écrivez-moi à l'adresse theophile21@orange.fr
À
suivre chaque dimanche … si vous le voulez bien.
dimanche 16 octobre 2016
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